BATAILLES
GUERRE
One Shot
BATAILLES
-+-+- Commentaire -+-+-
Pietro Battaglia est un vampire des champs de bataille, une abomination engendrée par la fureur des affrontements, la barbarie des tranchées. Plutôt que d’embrasser la Mort alors qu’une balle lui perforait le poitrail, le soudard a préféré la souiller. Maudit, le soldat se fait mercenaire. Le prix du sang pour toute solde, une grossière brutalité pour tout étendard. Voici Battaglia tenaillé par une soif inextinguible, condamné à hanter l’histoire.
Roberto Recchioni et Leomacs s'éloignent de l’imagerie traditionnelle, celle de l’immortel byronien, créature de la nuit à la beauté envoûtante et vénéneuse. Ici, point de romantisme gothique, d’interrogation métaphysique ou morale, ni même de métaphore mièvre et transparente sur le désir adolescent ou l’abstinence sexuelle. Rien de bien original non plus. Batailles s’impose comme une énième variation sur le vampirisme, une pochade à peu de frais et très premier degré. Sans doute y décèle-t-on un léger vernis historique. Personnage de série populaire en Italie, Battaglia, à défaut de moderniser les codes du genre, revisite quelque peu l’histoire locale à grands renforts de corruption, de coups de rein et de personnages tordus. Il y a aussi ce petit côté série B assumé et l’influence évidente de Garth Ennis. De fait, le héros patibulaire s’apparente à une sorte de chaînon manquant, à mi-chemin entre Frank Castle (Punisher) et Cassidy (le vampire alcoolo dans la série Preacher). Quant aux seconds couteaux, il ne s’y trouve guère que raclures et ordures de la pire espèce.
Mais Recchioni n’est pas Ennis. Quand bien même Batailles présente des ambitions modestes, l’album manque de ce féroce humour noir qui fait la joie des lecteurs du scénariste irlandais. Leomacs assure pourtant l’essentiel avec un dessin réaliste empruntant tout à la fois aux codes des comics et du fumetto. Les scènes d’action se veulent saisissantes, les cadrages dynamiques. Un beau cahier graphique conclut d'ailleurs l'album sans toutefois parvenir à estomper cette impression de trop peu.
L’ensemble est honnête, à peine divertissant. Un nanar en quelque sorte, auquel il manquerait un peu de saveur, l’envie d’y retourner, un plaisir plus ou moins coupable à le savourer. Un peu de mordant quoi.