BLEYS, OLIVIER

Scénariste/Dessinateur/Coloriste


Nombre total d'albums : 1

Série # Titre DL ISBN
CHAMBRES NOIRES 1 ESPRIT, ES-TU LA ? 06/2010 978-2-7493-0563-9

^^ CHAMBRES NOIRES

1 - ESPRIT, ES-TU LA ?

versorecto
Scénario : BLEYS, OLIVIER
Dessin : DUMONT, YOMGUI
Couleurs : <Indéterminé>
Éditeur : VENTS D'OUEST
Collection : HORS COLLECTION
DL : 06/2010
Cote :
Format : Normal EO Cartonné 
ISBN : 978-2-7493-0563-9
Nb. Pages : 56
Code :
Rangement :
Lieu d'achat :BROCANTE
Publicité :non
-+-+- Résumé -+-+-
« Pénouquet & Fils ». La devanture semble accueillante, si ce n’est cette satanée cloche qui a la fâcheuse habitude d’atterrir sur la tête du visiteur, quand on la secoue un peu trop fort. À croire qu’un esprit farceur a élu domicile dans cet atelier photographique qui fait aussi office de maison pour famille nombreuse. Le père, Samson, artiste peintre, a multiplié les adoptions de laissés pour compte qu’il a généreusement recueillis et qui s’occupent tous d’un commerce hautement plus lucratif que la simple vente de portraits. La technique est à la fois simple et bien huilée : séance de spiritisme organisée par Ninon, conversation vers l’au-delà avec un malheureux soldat tombé sur les champs de bataille, destiné à émouvoir des parents endeuillés, la photo souvenir, truquée bien entendu, sur laquelle apparaît comme par miracle le fils disparu… et l’affaire est dans le sac. Sauf que cette fois, il y a sur le cliché une invitée non prévue au programme, du genre fantôme plus vrai que nature. Forcément, ça fait tache. Alors, les Pénouquet vont enquêter : d’où vient cette apparition subite ? Qui est cette fille spectrale qui semble porteuse d’un message ? Et surtout, où sont passés les jumeaux ?

Avec une belle photo de famille en guise de couverture et un titre aussi peu évocateur que Chambres Noires, il est difficile de deviner ce qui se cache à l’intérieur de cette nouvelle série des éditions Vents d’Ouest. D’autant que les deux auteurs sont quasiment des inconnus dans le 9ème Art. Olivier Bleys, romancier confirmé, signe ici sa première bande dessinée alors que Yomgui Dumont est le créateur de Raph’ et Potétoz. Pourtant, à bien y regarder, il y a quelques détails qui ne trompent pas et qui donnent la quasi certitude de passer un agréable moment de lecture : l’ombre d’une salamandre, inquiétante, et la galerie d’individus qui semblent descendre directement de la famille Addams ou sortir tout droit d’un film de Tim Burton, version Beetlejuice plutôt que Planète des singes. Et encore, le compte n’y est pas.

Le texte initial ou la « Visite à l’atelier de photographie fluidique » met dans l’ambiance. Le reportage du journaliste, venu tester les compétences occultes de la maison, renoue avec les chroniques de la fin du 19e siècle, s’attardant sur des détails anodins dans un vieux français truffé d’expressions insolites. Puis, c’est la déferlante de personnages excentriques, étranges, baroques : Bertille, sourde et muette, communiquant par l’intermédiaire d’une ardoise accrochée autour du cou, ou Arsène, le doyen, longtemps parti en Cochinchine, dont le physique est un savant mélange de Tortue Géniale et de David Carradine dans Kung Fu (si, essayez d’imaginer). Les citer tous serait gâcher l’effet de surprise et prendrait surtout un temps fou. Les dialogues sont coupés au tachi et pourraient presque devenir cultes. Le « Des lingots d’or dans une terrine, la recette est malhonnête. », « Filons ! Ça sent le pâté ! » vaut à lui seul son pesant de cochonnaille.

Le scénario dans tout ça ? Presque anecdotique tant il assimile les différents acteurs avec bonheur. Une ligne directrice, quelques trouvailles bien senties pour égayer le tout, et c’est déjà la fin de l’album qui s’annonce avec un cliffhanger qui fera languir les moins impatients. On jurerait qu’Olivier Bleys a fait ça toute sa vie. Au dessin, Yomgui Dumont change de registre par rapport à celui de Raph’ et Potétoz. Le style oscille entre peinture naïve et caricature permanente. Pas celle, grossière, où les traits sont tirés et exagérés jusqu’à déshumaniser totalement le personnage, mais celle, plus subtile, où les cernes sont gonflées, les visages tuméfiés, les couples bourgeois ridiculisés. Les éléments fantastiques s’insèrent parfaitement dans le récit, toujours avec subtilité, comme, par exemple, des têtes de morts qui prennent possession du décor lors d’une séance de spiritisme menée par Ninon. L’auteur, en perpétuelle recherche artistique, semble s’être approprié l’histoire et y ajoute quelques effets très cinématographiques, dont les planches 17 et 18, deux pleines pages dont le passage de l’une à l’autre illustre de la meilleure des façons le lien entre deux époques. L’utilisation de couleurs pastel, rappelant les vieilles photos jaunies par le temps, ajoute un charme très esthétique.

« Esprit, es-tu là ? »
« … »
« Esprit, es-tu là ? »
« … »
« Lecteur, es-tu là ? »
« Ouiiiiiii ! », répondent-ils en chœur.