CHOUIN, LIONEL
Dessinateur/Coloriste
Né le 01/12/1972 en FRANCE.
Nombre total d'albums : 5
4 - MOURIR POUR DES IDEES
TROIS (PETITES) HISTOIRES DE MONSTRES
1 - L'HABIT NE FAIT PAS LE ROI
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À Saint-Pétersbourg, le peuple crie famine et la révolte est proche. La Russie est en pleine crise, et pourtant le Tsar ne reçoit de son gouvernement que des rapports qui n'ont rien d'alarmant. Lorsqu'il apprend de l'un de ses rares fidèles l'ampleur de la situation, il entreprend de se mêler à la population pour comprendre quels sont ses réels besoins. Un soir, pris pour un quelconque Moujik, il se fait arrêter et emprisonner. Comment alors lutter contre la conspiration qui se met en place contre lui ? La tâche est complexe mais ce sera encore plus dur pour les conspirateurs de tenter de renverser un Tsar disparu...
L'habit ne fait pas le roi est le premier tome d'une trilogie intitulée Le Tsar fou mais constitue une histoire complète. Le récit a tout d'un vaudeville avec de nombreux rebondissements burlesques, des quiproquos, et la mise en place farfelue d'un complot politique. Au centre de cette intrigue habilement menée, le Tsar, un personnage malin et surprenant, à la composition soignée. On a l'impression d'être spectateur d'une pièce de théâtre dont la tête d'affiche tient parfaitement son rôle et s'amuse avec le public pour son plus grand plaisir. Par ailleurs, s'il ne faut pas chercher de véracité historique, la vision de cette Russie en pleine ébullition est à l'évidence le résultat d'un important travail de documentation. Du reste, Tarek ne s'arrête pas là et scénarise également Raspoutine, dans un registre plus réaliste et ésotérique, qui devrait sortir d'ici quelques mois, toujours aux éditions Emmanuel Proust.
Ceux qui connaissent déjà Lionel Chouin pour avoir lu les Mémoires mortes seront extrêmement surpris. Il change en effet complètement de registre en passant d'un style très proche de Bajram à un autre dans le sillage de Tanquerelle, et donc Sfar par la même occasion. On pourrait une nouvelle fois regretter un manque de personnalité mais ne boudons pas notre plaisir, le résultat est convaincant. C'est nerveux, efficace, et très soigné en ce qui concerne les décors.
Une agréable surprise, en définitive. On est maintenant curieux de savoir dans quelle direction va nous mener Tarek dans les prochains tomes : la suite s'annonce en effet assez indépendante mais on espère y trouver un fil conducteur.
2 - UN DERVICHE PEUT EN CACHER UN AUTRE
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Le tsar de toutes les Russies est soucieux : l’intégrité de son empire est menacée. Aux confins du Royaume, les tribus du Caucase contestent son autorité. Il décide de se rendre sur place, où un concours désignera le Khan de toutes les tribus du Sud.
Cette parodie historique, à mi-chemin entre farce burlesque et conte philosophique, appartient à la collection Trilogies mais est en réalité constituée d’histoire complètes. Le point commun, un fait acquis désormais, est ce personnage central délirant, un tsar humaniste qui se saisit de toutes les occasions pour se déguiser en citoyen de son empire. Moujik emprisonné dans le premier tome (Lire la chronique ), le voici désormais en cosaque sous le nom de Tarasboulba et toujours accompagné de son fidèle conteur persan.
La référence à l’œuvre de Gogol n’est que l’un des nombreux clins d’œil qui parsèment ce second tome. On pourra s’amuser à les chercher : certains sont presque explicites (Don Quichotte), d’autres requerront un peu plus d’attention. Les auteurs ont choisi d’accentuer cette facette de l’humour, alors que le premier volet s’appuyait essentiellement sur le quiproquo et sur la stupidité des rivaux du tsar. Dommage, si le sourire est toujours facile, le potentiel comique est ici moins prononcé. Qui plus est, Tarek introduit parfois quelques réflexions plus sombres, sur la guerre ou sur la différence qui peuvent renvoyer à une certaine actualité : ces dialogues plus sérieux cohabitent de façon étrange avec les facéties du héros.
Ces détails mis à part, l’aventure rocambolesque fonctionne : du rythme, de l’absurde, et un dessin qui porte toujours à lui seul une bonne partie du comique : les scènes où le tsar court ou encore les nombreuses chevauchées ventre à terre sont un régal. L’histoire elle-même passe au second plan, écrasée par le seul personnage central : un détail qui justifie le format en trois tomes, la lassitude semblant inévitable à terme. Rendez-vous néanmoins pour un dernier épisode, juste pour le plaisir de voir dans quel costume ce tsar attachant viendra se glisser.
3 - VOX POPULI, VOX DEI